Baisser votre coût de ration aux 1000L, c’est garder le rumen de nos vaches en bon état




Comme énoncé dans l’article précédent « Pour améliorer votre marge sur cout alimentaire, commencez par le commencement ! » voici des pistes de réduction de votre cout de ration aux 1000L.



- Vos vaches sont des ruminants

Et oui. En disant cela j’enfonce une porte ouverte. Et pourtant…Si l’on prend un peu de hauteur. Notre but est de maximiser votre marge. Pour cela, il faut que vos vaches transforment mieux ce qu’elles ingèrent.
Considérez donc vos vaches comme des salariés. Quelle est selon vous la vache la plus rentable entre une celle mangeant 20Kg de MS et produisant 27L et une autre mangeant 21Kg de la même ration pour produire les mêmes 27L ? Sans aucun doute : la plus efficace ! Celle mangeant 20Kg de MS.
Donc arrêtons de penser que plus une vache mange, mieux c’est. C’est faux. Le but est uniquement que vos vaches soient capables de produire le plus de lait possible, par Kg de MS ingéré de façon à vous sortir la meilleure marge.

Une vache est donc comme une voiture. Sa chambre de combustion étant la panse. Le prix des carburants augmentent, tout comme nos couts de ration…Il est donc urgent de maîtriser nos consommations aux 100Km. L’industrie automobile sort des véhicules qui consomment moins. Nous, nous devons nous attacher à mesurer et à optimiser les indices de consommation de nos vaches.

- Le bon fonctionnement de la panse, est la base de la réussite

On peut comparer la panse a une grande cuve de fermentation permettant de digérer la cellulose et autres constituants végétaux. Les aliments sont donc finement divisés par la vache et sa mastication, puis arrivent dans un milieu privé d’oxygène où vivent des micro-organismes. Ces organismes en échange « du gite et du couvert », digèrent les éléments de vos rations. Le plus important est donc de leur créer un environnement favorable. Car s’ils disparaissent, l’efficacité de vos vaches pour transformer votre ration en lait chute considérablement.

 - L’acidose est le plus gros risque de faire chuter l’efficacité alimentaire de vos vaches


Un pH situé entre 6,0 et 6,4 est optimal pour la fermentation dans le rumen et la digestion des fibres par les micro-organismes. Or dans une journée, le pH varie. C’est normal. Le problème apparaît quand le pH reste acide trop longtemps. Dans ce cas, l’environnement pour nos micro-organismes n’est plus optimum.
Quand est ce que le pH reste acide trop longtemps ?
Lorsqu’il y a un manque de fibres efficaces. Et oui quand des fibres suffisamment efficaces sont incorporées dans vos rations, les vaches ruminent, elles produisent de la salive, ce qui remonte le pH dans la panse. Dans le cas contraire et avec des rations de plus en plus denses énergétiquement, le pH reste acide trop longtemps.

Nous devons donc être vigilants sur plusieurs points :
-       la structure physique de nos rations : évitons de vouloir un ensilage de maïs coupé trop fin, cela accentuera les risques. Pour les autres fibres, conservez une certaine longueur notamment si vous utilisez une mélangeuse (min 5cm - max env 10cm pour éviter le tri) 
-       la présence des fibres et leur type. Privilégions les fibres les plus dures. Si on incorpore une paille, préférez une paille de blé, à une paille d’orge, molle. Pour les éleveurs sans mélangeuse, la meilleure manière de faire est de distribuer du foin avant le passage aux ensilages de manière à avoir un tapis fibreux dans la panse.
-       les transitions alimentaires. N’oubliez jamais que le rumen de vos vaches et ses micro-organismes auront besoin d'une période d'adaptation avant de pouvoir gérer adéquatement cette ration. Cette période est d’environ 3 semaines et faites y toujours attention, particulièrement entre le tarissement et le début de lactation.

- Observez votre troupeau pour réagir rapidement

On pourrait passer beaucoup de temps sur ce sujet. Un premier indicateur simple : 8 vaches sur 10 doivent manger ou ruminer dans votre étable. Ensuite, ce sont les bouses qui représentent votre indicateur le plus fiable. Une bouse d’acidose est molle, plutôt jaunâtre et dans laquelle on trouve de nombreux grains.

Pensez bien que tous les éléments que vous retrouvez dans les bouses auraient pû être transformés en lait. Si ils ne l’ont pas été, c’est qu’il y a une raison.

Essayez d’avoir des groupes « témoins » dans votre troupeau. Pour le critère de l’acidose par exemple, ce sont vos primipares de 0 à 120 jours de lactation.  Pourquoi ? Car c’est le groupe le plus fragile, et qu’elles reçoivent en peu de temps après vêlage, une ration dense en énergie et en concentrés. C’est souvent une énergie rapidement fermentescible qui augmente les risques d’acidose.
Surveillez donc de plus près ce groupe vis à vis de leurs bouses et des critères suivants :
-       des TB trop faibles (inférieur à 38) voire des taux inversés (TB/TP)
-       une baisse d’appétit
-       des pattes « rouges ». Je veux absolument vous expliquer clairement ce qui se passe pour ces pattes « rouges » car beaucoup de personnes parlent de ce critère sans le comprendre… En fait, quand le pH de la panse baisse. Le type des micro-organismes présents dans la panse change. Et il y a une libération de toxines dans le sang qui provoque une dilatation des vaisseaux sanguins. En grossissant, ces vaisseaux engendrent à trois endroits distincts, une accumulation de sang qui se traduit par une petite zone rosée : les pattes, les cornes (vu souvent sur des taurillons à l’engrais) et la queue (dans ce cas on voit que la queue se surélève légèrement à son attache)

- Alors, par où commencer ?

  •           Calculer l’indice de consommation de votre troupeau ou efficacité alimentaire :

IC = Nbe de litre de lait produits/Nombre de Kg de MS ingérée
Dans notre exemple, l’IC est de 27L/21,5Kg = 1,25 (la moyenne nationale tout système et toute race confondue doit se situer à environ 1,05)
  • Analyser les bouses : couleur, consistance, présence de grains, de fibres
  • Observer votre troupeau et vos groupes témoins telles que vos primipares en début de lactation (nombre de vaches qui ruminent, fréquence des coups de mâchoire, boiteries…)


Le plus important est de pouvoir réagir le plus vite possible. N’oubliez pas qu’un troupeau de 60VL ayant un cout de ration « moyen » de 3,35 euros/VL/j, représente un cout journalier de 201 euros soit environ 6100 euros/mois et 73 500 euros par an. Vous investissez donc sur le poste alimentation souvent entre 50 000 à parfois plus de 100 000 euros par an. Observez vos salariés, vos vaches, elles ont la nécessité de bien valoriser cet investissement !

N’hésitez pas à me faire part de vos observations. 

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