Améliorer votre marge sur cout alimentaire: commencez par le commencement !

Avant de se demander comment optimiser sa marge sur cout alimentaire, la première étape pour tout éleveur, laitier ou allaitant d’ailleurs, est de déterminer le cout de la ration pour ses groupes d’animaux. Connaître le point de départ et se fixer des objectifs est la base de la réussite.

•  Déterminer votre cout de ration :

Prenons le cas d’un éleveur laitier. L’important est déjà de connaître le plus précisément possible le cout de la ration par vache en lactation. Et pour cela, deux inconnues principales existent la plupart du temps :

1-    l’ingestion réelle des vaches

2-    le cout des fourrages. Et oui, vos fourrages ne sont pas gratuits. Considérer seulement un cout de concentrés ne sert pas à grand chose, pris seul. Ce qui nous importe c’est le coût total de la ration.

Donc, première inconnue l’ingestion par vache, par jour : ce qui nous importe c’est le cout réel de la ration. Ce n’est pas de prendre en compte la ration « papier » de votre contrôleur laitier, nutritionniste ou vendeur d’aliments et d’en calculer le cout. Cela n’a aucun intérêt. Vous avez peut être prévu (autour d’un café avec l’une des trois personnes citées ci-dessus) que vos vaches laitières mangent 20 Kg de matière sèche par jour alors qu’en réalité, elles en mangent 22. Le cout n’est pas le même et votre marge à la fin de l’année non plus…

Le meilleur moyen de déterminer l’ingestion est bien sûr d’utiliser des outils de distribution qui pèsent. C’est la base. Si on veut travailler sur notre poste alimentation, il faut savoir ce que l’on distribue et ce que les vaches mangent. Sinon, essayez de peser régulièrement les quantités distribuées pour vous donner une idée la plus précise possible des quantités distribuées.

De la même façon, peser quelque fois les refus nous permet de faire une estimation au plus juste des quantités ingérées.

Mais de façon générale,

Quantités ingérées = (Quantités distribuées totales/Nombre de vaches à l’auge) – Refus

Pour les éleveurs en mélangeuse qui garde une partie de leur mélange pour un autre groupe (ex : vaches taries, veaux, génisses), n’oubliez pas de les prendre en compte dans le calcul. Ce qui nous importe ici c’est de savoir exactement ce que mangent les vaches en lactation se trouvant à l’auge.

• Un petit exemple de cout de ration:

Prenons un exemple : 60 Vaches laitières à l’auge, utilisation d’une mélangeuse qui pèse bien entendu. Le calcul ci-dessus nous permet de déterminer les quantités ingérées suivantes :

34 Kg bruts d’ensilage de maïs (34%MS)

11 Kg d’ensilage d’herbe (40%MS)

0,8 Kg de foin

0,5 Kg de paille

1,2 Kg de céréales

3,8 Kg de correcteur azoté

0,25 Kg de minéral

Une fois que l’on en est à cette étape, l’inconnue est le cout des fourrages. Et là, deux méthodes s’opposent : la première, on considère le cout de production pour chaque fourrage, dans la deuxième, leur prix si on les vendait. Alors comment faire ?

D’abord, je dirais qu’avoir en tête son cout de production pour chaque fourrage n’est pas une mauvaise idée. Cela permet de vous rendre compte des choses. Prendre un peu de temps avec son comptable (ou seul) pour le déterminer ne fera jamais de mal. Mais j’ai plutôt tendance à prendre en compte le prix de vente (essentiellement quand le marché des matières premières n’est pas trop déconnecté de la réalité).  En fait, je considère que vous gérez votre atelier comme un buisiness et j’imagine que si vous avez la possibilité de vendre un fourrage produit sur la ferme à plus chère que l’achat substitut type sous produit tout aussi efficace dans votre ration, vous le ferez ! Je vous rassure cependant, c’est rarement le cas…

Mais finalement, ne perdez pas trop de temps à vous poser des questions existentielles sur ce sujet car ce qui est vraiment intéressant dans un premier temps, ce n’est pas le chiffre en lui même, mais son évolution dans le temps.

Je m’explique. Dans mon exemple, prenons les prix suivants :

Ens mais (100 euros la tonne de MS)

Ens d’herbe (85 euros/TMS)

Foin (100 euros/T)

Paille (80 euros/T)

Céréales (130 euros/T)

Correcteur azotés (360 euros/T)

Minéral (700 euros/T)

Soit un cout par VL/J de 3,35 euros/VL/jour.

Ce qui m’importe ce n’est pas le chiffre en lui même de 3,35 d’ailleurs je pense que chacun d’entre nous aurait pû indiquer des prix différents. Peu importe. Et je vais même plus loin. Le cout de la ration par vache n’est pas important.

Ce qui l’est c’est le cout aux 1000L produits ! Et oui, votre marge (ce qui reste dans votre poche) dépend de votre cout de ration/1000L de lait.

Baisser votre cout de ration est très facile…Enlever tous les concentrés de la ration et c’est bon. Par contre baisser le cout/1000L, n’est pas si simple.

• Votre obsession doit être le coût de ration/1000 Litres de lait produits:

Revenons à notre exemple, notre troupeaux à une ingestion réelle d’environ 21,5Kg de MS/jour et 3,35 euros/VL/j, et produisent 27,5 litres/jours soit un cout de ration de 121 euros/1000L. C’est ce chiffre qui est important car:

-       il est basé sur l’ingestion réelle de vos vaches

-       il prend en compte la production actuelle des vaches

Votre obsession à partir de maintenant doit donc être de se demander : comment faire baisser ce cout/1000L ?

J’attends vos suggestions et vos bonnes idées. Je reviendrais en détail, sur le cas des élevages allaitants si certains sont intéressés.