Commençons par parler du contexte : en France, nous
sommes dépendants de nos importations de protéines. Et oui, aujourd’hui, il
faut dire ce qui est, même si le cout du transport ne fait qu’augmenter, il est
toujours plus rentable d’importer du soja que de produire notre protéine sur le
sol français…Dur constat. Cependant, cette vérité nous amène à penser qu’il y a
de fortes chances pour que le cout de nos rations reste à un niveau
relativement élevé. Alors, dans ce contexte, les sous produits représentent ils
un espoir de réduire ce coût de ration ?
Quels sous-produits sont des sources de protéines ?
Les sous produits les plus couramment utilisés pour l’apport
de protéines sont les drèches. Il peut d’agir de
drèches de brasserie humides, drèches
de blé (sec ou humide), drèches de maïs (la plupart du temps en sec)…De quoi
s’agit il exactement ?
Les drèches de brasserie : Les drêches de brasserie
résultent de la production industrielle de bière. Après le maltage, l'orge est
brassée puis filtré. De cette filtration sort un moût liquide d'un côté et les
drêches de l'autre. Les drêches ainsi obtenues sont chaudes, semi-humides de
couleur jaune, brune selon le type de bière brassée et d'une odeur de pain
frais. Elles correspondent aux enveloppes du grain. Selon le type de filtre
utilisé, les drêches seront plus ou moins sèches, leur matière sèche sera
généralement de 20-22% pour les plus humides et de 26-30% pour les plus sèches.
Ce produit se caractérise par une bonne teneur en protéines (de l'ordre de 28 à
30% sur la matière sèche).
Les drèches de blé
et de maïs : Pour
fabriquer l’éthanol, on moud d’abord les grains (maïs ou blé), on y ajoute
de l’eau et on cuit cette soupe à laquelle on a pris soin d’ajouter des
enzymes. Au cours de ce processus, l’amidon se transforme en sucre auquel on
ajoutera des levures avant de le laisser fermenter. C’est en cours de
fermentation, sous l’effet des levures, que le sucre sera transformé en alcool
et en dioxyde de carbone (CO2). La fermentation terminée, au moyen d’une
colonne de distillation, on retirera l’éthanol. Les sous-produits restants
composeront la drèche.
Rappelez-vous que les
analyses peuvent varier d’une variété de maïs à une autre, d’une année à
une autre et surtout, d’une usine de production à une autre.
Voici pour
information le contenu nutritionnel type, du maïs, du blé et de leurs drèches
respectives :
Céréales
|
Drêches sèches
|
|||
Maïs
|
Blé
|
Maïs
|
blé
|
|
Matière sèche
|
88
|
88
|
90
|
90
|
Protéine brute
|
7-10
|
13-15
|
27-32
|
35-40
|
Gras
|
3-4
|
2
|
9-11
|
5-6
|
Calcium %
|
0,5
|
0,05
|
0,17-0,26
|
0,15-0,20
|
Phosphore %
|
0,30
|
0,35
|
0,78-0,83
|
0.95-1,15
|
Soufre
|
0,12
|
0,17
|
0,37-0,44
|
0,45-0,50
|
Amidon
|
65-70
|
60-65
|
0-traces
|
0-traces
|
Source : John
McKinnon, University of Saskatchewan
Le cout des drèches est-il intéressant ?
Pour comparer le cout de ces différentes drèches, je vous
conseillerais d’appliquer la méthode dont je vous parlais dans l’article
« Comment choisir le bon aliment pour votre troupeau laitier? ». N’oubliez pas pour autant de considérer
la matière seche des produits.
Prenons un exemple simple, des dreches de
brasserie (24%MS) à 53 euros la tonne brute sont elles intéressantes ?
Je
ramène le cout à la tonne de produit sec soit 53/0,24= 220 euros et je le
divise par le nombre de points de MAT (env 28) soit 7,88 euros le point de
protéine. Cela équivaut donc à un tourteau de soja (89%MS, souvent annoncé 48
de MAT mais qui font souvent uniquement 46) à 323 euros/T. Bien sûr les
protéines ne sont pas tout à fait les mêmes, les contraintes de stockage n’ont
plus, mais cela vous donne des repères. Une fois, cet élément en tête, à vous
de faire votre choix avec comme avantages :
-
Diversification des sources de protéines dans
votre ration
-
Ajout d’une protéine assez lente
-
Effet souvent lactogène notamment pour les
drèches de brasserie
- Apport d'énergie intéressant sous forme de matière grasse pour les drêches de maïs notamment
Inconvénients :
-
Le stockage quand le produit est humide
(stockage en silo avec parfois quelques pertes)
-
L’obligation d’avancer assez vite dans le tas
pour une meilleure conservation en cas de produit humide toujours
-
En sec, l’obligation souvent de travailler en
camions complets pour des produits qui ne « dosent » qu’une trentaine
de points de MAT contre 46 à 48 pour du soja. C’est donc souvent une avance de
trésorerie et aussi un aliment supplémentaire à la ration qui complexifie un peu le
chargement.
Par contre, le développement des drèches de maïs notamment
en France est assez restreint. Seule une usine, Abengoa dans le 64 produit des
grandes quantités. Mais aujourd’hui, la plupart de ces quantités est directement acheté par les
vendeurs d’aliments qui l’incorporent dans vos VL et autres correcteurs. L’achat
par camion direct élevage, est encore assez limité. Les drêches de brasserie et les drêches de blé sont quant à elles largement répandues.
Par contre aux Etats-Unis, le
développement de l’Ethanol est tél, que les éleveurs incorporent de plus en
plus de drèches de maïs dans leurs rations. Une étude du professeur Drackley ( http://www.gt-mag.com/jusque-30-de-dreches-de-mais-dans-la-ration-des-article-189.html)
a même été faite pour tester l’incorporation des drèches dans les rations vaches
laitières à hauteur de 30% ! Soyons donc attentifs à tout cela, ce sont
surement des produits qui seront de plus en plus utilisés dans les années à
venir.
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